Geneviève Beauchesne-Sévigny: la vie après le rêve olympique

Pendant 10 ans, Geneviève Beauchesne-Sévigny a ramé sur les eaux du monde au sein de l'équipe nationale de kayak du Canada. Comment perçoit-on la vie quand on a quitté les podiums? Portrait d'une ex-athlète olympique qui porte un regard éclairant sur le sport d'élite.

Son parcours sportif, des pistes aux Olympiques 

Geneviève Beauchesne-Sévigny a toujours été une fille active. À 3 ans, elle dévalait déjà les pistes de ski. Puis, elle a découvert les sports d'équipe. La jeune sportive a pratiqué le soccer et le basketball, poussée par son désir de se surpasser: «J'aimais ça, performer, se rappelle-t-elle. L'excellence, ça faisait partie de moi; de toujours vouloir aller plus loin». 

Quand ses deux frères aînés ont commencé à faire du canot, de prime abord, elle n'était pas du tout intéressée à suivre le pas. L'année suivante, alors qu'elle était âgée de 9 ans, elle a décidé de s'y essayer et elle a eu la piqûre.  

Avec les années, Geneviève a dû faire des choix et revoir ses priorités. Malgré une fibre artistique bien présente, c'est dans le sport qu'elle décidera de s'investir: «Au secondaire, j'ai d'abord pris l'option musique, mais en secondaire 3, j'ai changé d'école pour rejoindre un programme de sports études. À partir de là, j'ai arrêté les autres sports pour me concentrer sur le kayak». 

À l'époque, l'athlète faisait des compétitions régionales chaque semaine. D'abord inscrite au club interrégional, elle grimpe les échelons jusqu'au club intercanadien. En 2001, à l'âge de 15 ans, elle participe pour la première fois aux Jeux du Canada. Un moment marquant pour la jeune athlète, qui s'y sent comme à des «mini Jeux Olympiques».  

Geneviève passe rapidement du niveau junior au niveau senior. À 18 ans, elle rejoint l'équipe nationale de kayak du Canada. Après ses premiers Championnats du monde senior, en 2006, elle participe aux Jeux Olympiques de Pékin, à l'été 2008.  

Geneviève Beauchesne-Sévigny aura passé 10 années au sein de l'équipe nationale. Aux Mondiaux de 2015, à Milan, son équipe rate sa qualification olympique. L'année suivante, après une profonde réflexion, la kayakiste annonce officiellement sa retraite sportive. 

Au-delà du sport: une expérience qui fait grandir 

Le sport a occupé une place importante dans la vie de Geneviève. Plus qu'une simple activité, celui-ci lui a donné des outils pour gérer son anxiété: «Je suis une personne quand même anxieuse et quand j'étais plus jeune, l'activité physique m'aidait à gérer tout ça sans que j'en sois vraiment consciente. Les entraînements, ça m'a apporté de la stabilité. Ça m'a amené une espèce de routine de vie». 

Outre la structure qu'offre l'entraînement sportif, Geneviève évoque avec chaleur les relations qu'elle a développées durant son parcours. «J'ai découvert un cercle d'amis là-bas, explique-t-elle. Mes trois meilleures amies, c'est là que je les ai rencontrées. On a grandi ensemble.» Des relations qui deviennent parfois plus ardues, quand les amies deviennent des concurrentes: «La compétition, c'était vraiment difficile sur les relations parce que tu crées des amitiés dans l'équipe puis après ça, tu dois compétitionner contre elles. Aujourd'hui, à 37 ans, je peux voir tout ça avec beaucoup plus de recul. Il y a beaucoup de choses que je ne savais pas quand j'avais 20 ans. Je réalise que les amitiés, pour moi, c'est tellement important»! 

Bien qu'elle en garde un bon souvenir, son parcours n'aura pas toujours été de tout repos. La pression de la performance est un poids parfois lourd à porter, même pour les meilleures. Néanmoins, Geneviève soutient que ce parcours lui a permis de grandir et de découvrir des choses sur elle-même: «Toutes les leçons, toutes les valeurs que j'ai apprises en pratiquant ce sport-là, ça me suit et ça m'aide dans ma vie aujourd'hui. L'amitié, le respect de soi, le respect des autres, l'excellence… célébrer la victoire, mais aussi célébrer le parcours». 

«Toutes les leçons, toutes les valeurs que j'ai apprises en pratiquant ce sport-là, ça me suit et ça m'aide dans ma vie aujourd'hui. L'amitié, le respect de soi, le respect des autres, l'excellence… célébrer la victoire, mais aussi célébrer le parcours.» 

  • Geneviève Beauchesne-Sévigny, ancienne athlète olympique en kayak 

Et après, comment ça se passe? 

On parle beaucoup du parcours des athlètes de leurs débuts jusqu'au sommet, mais qu'en est-il de la suite? Comment peut-on retrouver une vie «normale» après avoir consacré 10 années de sa vie au sport d'élite? 

Pour Geneviève, ça n'a pas été nécessairement facile de se trouver sa place après avoir accroché sa pagaie. À 29 ans, elle devait repenser sa vie autrement. Un défi qu'elle a relevé avec résilience, tout en reconnectant avec elle-même au passage.  

Malgré tout, le goût du sport n'est pas revenu du jour au lendemain. «L'entraînement ne m'a vraiment plus parlé pendant un bon bout de temps, confie-t-elle. Mais à un moment, on s'est mis à marcher pour faire nos courses, à jouer dehors, à s'amuser en famille. C'est comme ça que j'ai retrouvé le plaisir de bouger.» 

Au passage, Geneviève a découvert une nouvelle façon d'être active. Elle a pris goût à bouger de façon décomplexée, sans chercher à se dépasser: «Je ne connaissais pas vraiment ça, l'activité sportive sans la performance. Quand je suis allée faire du ski de fond avec mon frère et sa gang d'amis, j'ai réalisé qu'on pouvait faire ça en jasant, tranquille, sans pression». 

Un message pour les sportives et athlètes de demain 

Le parcours de Geneviève Beauchesne-Sévigny a beaucoup à nous apprendre sur la façon dont on encadre les jeunes athlètes, mais aussi, sur comment on les prépare à l'envers de la médaille: «l'après» du rêve olympique.  

Quand on questionne l'athlète sur un conseil qu'elle aimerait donner aux jeunes qui suivent ses traces, voici ce qu'elle a à nous dire: «Des fois, c'est dur de respecter ses propres limites. C'est important de faire ce qu'on aime, d'avoir du plaisir. Et surtout, de ne pas avoir peur de se remettre en question. De se demander si on fait toujours la bonne chose, pour les bonnes raisons». 

«Des fois, c'est dur de respecter ses propres limites. C'est important de faire ce qu'on aime, d'avoir du plaisir. Et surtout, de ne pas avoir peur de se remettre en question. De se demander si on fait toujours la bonne chose, pour les bonnes raisons.» 

  • Geneviève Beauchesne-Sévigny, ancienne athlète olympique en kayak 

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