La championne canadienne de marathon Caroline Pomerleau veut inspirer et éduquer

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Le Journal de Québec

Des entraînements de course aux vidéos qu’elles publient sur les réseaux sociaux, en passant par leur rôle d'ambassadrices auprès de Je Cours QC, elles font tout en duo… et ça leur réussit! Portrait de Caroline Pomerleau et Anouka Tremblay, un couple d'athlètes qui informe et inspire plus d'une génération, sur les pistes comme sur Internet.

Qui sont Anouka Tremblay et Caroline Pomerleau? 

Caroline est enseignante d’éducation physique à l’École oraliste de Québec, une institution réservée aux enfants malentendants. Athlète élite de haut niveau, elle a remporté la victoire au Championnat canadien de marathon en octobre 2023… son tout premier marathon à vie! 

Diplômée en kinésiologie avec une spécialisation en psychologie du sport, Anouka est entraîneure de course à pied. À la tête du Club Les Flèches, elle accompagne une centaine d'athlètes dans leur programme d'entraînement personnalisé, dont Caroline. 

Le couple ouvre son quotidien aux communautés. Qu’on suive Caroline sur Instagram, Anouka sur Instagram ou Caroline et Anouka sur leur compte TikTok, elles partagent leur passion et transmettent leur vision de l'entraînement, axée sur la santé et le plaisir. 

De filles actives à femmes d'action 

Bien que toutes deux faisaient déjà de l'activité physique avant l'âge adulte, la piqûre de la course est arrivée différemment pour les deux conjointes.  

Anouka courait un peu à l'école secondaire, mais son sport à elle, c'était la natation. Au Cégep, elle a échangé son maillot de bain pour une paire d'espadrilles de course. Changement d'intérêt? Pas vraiment. Disons plutôt… changement d'horaire... «J’ai commencé à courir parce que je ne voulais pas me lever le matin. Quand je suis arrivée au Cégep, les plages horaires de natation, c’était à 5 heures du matin. C'est là que je me suis dit "hum… la course, ça me semble un sport palpitant!".» 

Caroline, quant à elle, a eu sa première expérience sur une piste de course en 6e année du primaire, à la course de 1 km de son école. Elle a fait de la course, du cross-country et de l'athlétisme tout au long de ses études secondaires. Pour elle, la pratique de l'activité physique a toujours été «un endroit où [elle passait] du temps avec [ses] amis, un endroit social, de dépassement de soi.» 

Elle a poursuivi le cross-country chez les Dynamiques du Cégep de Sainte-Foy, puis avec les Rouge et Or de l'Université Laval, avant d'entamer sa carrière en enseignement, un parcours qui lui semblait évident. «J’ai toujours aimé les cours d’éducation physique quand j’étais jeune. C’est un peu ça qui m’a permis de devenir la personne que je suis aujourd’hui, qui m’a fait prendre confiance en moi. C’est aussi ce qui m'a donné le goût de devenir professeur d’éducation physique.» 

«J’ai toujours aimé les cours d’éducation physique quand j’étais jeune. C’est un peu ça qui m’a permis de devenir la personne que je suis aujourd’hui, qui m’a fait prendre confiance en moi.»

  • Caroline Pomerleau, marathonienne

Coaching et compétition: chacune sa voie 

Anouka Tremblay a touché à la course de compétition, mais a vite réalisé que ce n'était pas pour elle: «Ça me stressait trop. Ça me stresse encore d'ailleurs!». Elle a continué de courir pour le plaisir tout au long de ses études en kinésiologie. Vers l'âge de 25 ans, elle a pris une pause avant de recommencer à courir de façon plus sérieuse, en se mesurant à elle-même plutôt qu'aux autres. 

C'est d'ailleurs à cette époque que les deux athlètes ont officialisé leur relation. Le sens éthique d'Anouka la pousse à préciser qu'elle n'était pas l'entraîneure de Caroline à ce moment. D'abord le couple, puis le coaching. «C’est arrivé de manière progressive. J’avais des connaissances pour faire des programmes de course et [Caroline et moi] on voulait s’entraîner ensemble, alors je faisais un programme pour nous deux et on le suivait en même temps. Puis, Caroline a commencé à performer, à peu près au même moment que j’ai commencé à la coacher. Ça fait 2 ans que j’entraîne Caroline plus sérieusement.» 

Caroline Pomerleau a commencé son parcours d'athlète en 2020. Généralement, elle réussit à poursuivre sa progression en se concentrant sur ses propres performances même si, elle l'admet, les réseaux sociaux peuvent parfois agir comme un miroir déformant: «C’est sûr, c’est facile de se comparer avec les réseaux sociaux. Telle personne a fait un vraiment bon entraînement, moi je ne cours pas aussi vite qu’elle dans cet entraînement-là… mais j’ai plus tendance à me comparer à moi-même et à chercher à battre mes propres records.» 

Une méthode qui lui réussit, puisque quand elle a remporté le championnat canadien de marathon, sa motivation première était de se dépasser et de faire la meilleure course selon ses propres capacités, sans s'attarder aux autres athlètes qui couraient à ses côtés. 

Comme l'explique l'entraîneure, sur les pistes comme dans la vie, Anouka et Caroline forment une équipe solide: «On travaille vraiment bien ensemble! On est capables de se dépasser, mais de garder ça simple et d’avoir un bel équilibre dans tout ça».

Invisibles, les femmes, dans le domaine sportif? 

Les femmes et le sport: voilà un sujet qui tient à cœur aux deux coureuses. Caroline, par exemple, même si elle se positionne parmi les meilleures athlètes dans son domaine, trouve très difficile de prendre la place qui lui revient: «Ça m’a pris vraiment beaucoup de temps à comprendre que comme je suis dans le top 3 des meilleures femmes [dans les courses provinciales], j’ai autant priorité que le top 3 des hommes pour aller me placer en avant sur la ligne de départ, parce que les autres gars qui n’ont pas de chance au podium, ça ne va rien changer sur leur temps final, tandis que moi, ma position va faire une différence.» 

En tant qu'entraîneure, Anouka accompagne autant les hommes que les femmes. Pour elle, il est clair que l'égalité des genres n'est pas atteinte dans le milieu du sport. Un déséquilibre qui, selon la coureuse, tient beaucoup plus du problème de société que de capacités: «Il y a beaucoup de femmes dans la course, mais plus tu montes dans les distances, moins il y en a. Et ça, c’est beaucoup parce que les femmes vont avoir de la misère à s’investir dans des hobbies qui prennent du temps [dans l’horaire de] la famille. La long run de 36 km le dimanche, ça prend la journée au complet et ça, ça dérange.» 

«Il y a beaucoup de femmes dans la course, mais plus tu montes dans les distances, moins il y en a. La long run de 36 km le dimanche, ça prend la journée au complet et ça, ça dérange.»

  • Anouka Tremblay, entraîneure et coureuse

Loin de rejeter la faute sur les femmes, Anouka Tremblay précise que selon elle, ceci tient de la façon dont celles-ci sont socialisées dès l'enfance. Elle souligne qu'on retrouve cette même dynamique dans le sport organisé, encore majoritairement pratiqué par les hommes. Une constatation qu'avait également soulevée la présidente des Palettes roses dans son entrevue avec La Lancée.  

Donner de la visibilité à la réalité des sportives. C'est ce qui a poussé le couple à partager son quotidien avec la communauté en ligne, comme l'explique Caroline Pomerleau: «c’est ça qu’on essaie de partager sur les réseaux sociaux. Que nous, les femmes, on doit prendre notre place. Sur un terrain de soccer, sur une course, au travail, il faut oser!». 

Créatrices sportives et influenceuses positives 

Caroline et Anouka ne sont pas que des athlètes: elles sont aussi des créatrices de contenu prolifiques. Sur TikTok et sur Instagram, elles partagent leurs courses, leurs entraînements, leurs repas et d’autres aspects de leur routine sportive. Comme l'explique Caroline, tout a commencé avec une vidéo publiée sur TikTok alors qu'elles participaient au BELUGA Ultra Trail, une course de 45 km dans le fjord du Saguenay. 

«Pendant la course, on a filmé toute notre journée. On a décidé de mettre ça sur TikTok et cette vidéo-là a eu un demi-million de vues! À partir de là, Anouka a continué à publier des vidéos en lien avec la course.» 

Au fil des vidéos, Anouka a commencé à partager des informations en lien avec la santé, la nutrition, l'image de soi… mais jamais en s'appropriant un rôle d'experte. Les influenceuses se servent plutôt de la portée offerte par ces plateformes pour projeter une image positive de l’entraînement physique et lutter contre le culte de la perfection. Leur objectif: briser l’idée du «corps parfait», encourager les gens à bien s’alimenter et prévenir les troubles alimentaires liés à la pression de l’apparence. 

Sur TikTok, le public d'Anouka et de Caroline est majoritairement féminin. Environ la moitié de leurs abonné·e·s sont âgé·e·s de 18 à 24 ans. Les deux athlètes se servent de leurs plateformes pour montrer à toutes et tous que l'activité physique peut être une source de plaisir et que tout le monde peut participer! 

 

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