Sport et maternité: un terrain parsemé de défis… et de progrès!

Ce n’est un secret pour personne, la grossesse et la maternité ont des impacts sur la pratique de l’activité physique, du plein air et du sport, tant sur le plan physique que psychologique. Pour plusieurs athlètes féminines, ces moments charnières signifient parfois même la fin de leur carrière sportive. 

Malgré qu’elle porte le poids de tenaces mythes et préjugés, notre société démontre toutefois une belle évolution en la matière. Sylvie Béliveau, Directrice - équité des genres en sport chez Égale Action, ainsi que Josée Bélanger, médaillée en soccer aux Jeux olympiques de Rio et copropriétaire du centre crossfit Pro 1, partagent leurs perceptions sur le sport et la maternité, en plus de fournir des pistes de réflexion face à cet important enjeu. 

Pas d’augmentation des risques de fausse couche 

Il est désormais bien documenté que poursuivre l’activité physique pendant la grossesse permet un retour plus rapide et facile à l’entraînement après l’accouchement. De plus, dans la très grande majorité des cas, l’activité physique ne cause pas d’augmentation du risque de fausse couche spontanée, précise l’Institut nationale de santé publique du Québec

«Le principal souci pour les femmes, c’est qu’on parle de deux vies plutôt qu’une. Il incombe donc aux membres de l'entourage de la femme de développer des stratégies pour surmonter leurs propres appréhensions. Plus on parlera des femmes qui retournent à l’activité sportive après la grossesse, plus ce mythe disparaitra», précise Sylvie Béliveau. À cet égard, cette dernière n’exclut pas l’importance d’un bon encadrement: «Évidemment, si une femme demeure dans le doute, il est essentiel qu’elle valide ses préoccupations auprès de son médecin. Elle va non seulement se sentir mieux physiquement, mais aussi psychologiquement».  

Maternité et sport professionnel 

Les choses sont différentes dans le monde du sport professionnel. Des cas comme celui de la navigatrice professionnelle française Clarisse Crémer, qui avait été abandonnée par son commanditaire après avoir donné naissance à sa fille, ont mis en évidence les nombreux défis auxquels sont confrontées les femmes enceintes et les nouvelles mamans dans le monde du sport.  

«Grossesse et maternité sont souvent synonymes de fin pour l’athlète, explique Sylvie Béliveau. Pourtant, il est crucial de ne pas mettre tout le monde dans le même bateau. Ultimement, c’est la femme qui devrait pouvoir prendre ses propres décisions, en complémentarité, bien sûr, avec l’avis de son médecin.» Comme ce sujet reste encore peu évoqué, de l’éducation doit être faite à travers le monde si l’on veut insuffler réel un vent de changement sur le terrain. «Heureusement, au Canada, on s’est dotés de politiques, de congés parentaux… on sent qu’il y a beaucoup d’avancées. Même si le sport et la maternité reste un enjeu qui habite encore les femmes, celles-ci semblent avoir accès à un espace de plus en plus sécuritaire et inclusif pour aborder leurs préoccupations», note Sylvie. 

«Même si le sport et la maternité reste un enjeu qui habite encore les femmes, celles-ci semblent avoir accès à un espace de plus en plus sécuritaire pour aborder leurs préoccupations.»

  • Sylvie Béliveau, directrice, équité des genres en sport, Égale Action  

L’importance d’une communauté de soutien autour de la mère

Josée Bélanger, de son côté, a choisi de prendre sa retraite comme athlète de soccer avant de donner naissance à ses enfants. Elle se sentait, à ce moment, prête à vivre de nouveaux défis et n’a donc pas été confrontée aux exigences de la conciliation travail et famille. «Cependant, celles qui souhaitent continuer sont confrontées à plusieurs obstacles liés aux compétitions à l’étranger, à l’allaitement, etc.», nuance-t-elle.  

Face à cet enjeu, Sylvie Béliveau reconnaît, elle aussi, que les athlètes doivent composer avec des horaires atypiques, comme c’est le cas pour plusieurs autres professions, par ailleurs. Dans ce contexte, le fameux dicton Il faut tout un village pour élever un enfant prend tout son sens: «Dans le passé, une entraîneure avec ses enfants dans l’environnement d’entrainement ou de compétition était perçue comme peu professionnelle. C’est peut-être encore un peu comme ça aujourd’hui. Pourtant, il faut garder en tête qu’amener les enfants près du terrain, c’est très sain. Cela peut les inspirer positivement à faire de l’activité physique aussi.».  

Sport et maternité: un retour de plus en plus sécuritaire 

La maternité et la pratique sportive ne devraient pas représenter des chemins isolés, mais plutôt des défis partagés au sein d'une communauté de soutien. Ainsi, la création d'un environnement adéquat et de ressources adaptées permet aux femmes de concilier efficacement sport et maternité, marquant un progrès significatif dans la manière dont notre société aborde ces enjeux.  

C’est d’ailleurs pourquoi Josée Bélanger s’est donnée pour mission de soutenir les jeunes mamans de son centre de crossfit, en leur offrant des séances qui leur sont spécialement destinées et qui leur permettent de réintégrer l’activité physique à leur routine. «Il y a de plus en plus de ressources à la portée des femmes, qui incluent même la présence de leurs bébés. Avant, on ne parlait pratiquement pas de rééducation périnéale. Maintenant, on a beaucoup plus de connaissances, de sorte qu’on peut offrir davantage de services adaptés aux nouvelles mamans.»  

«Il y a de plus en plus de ressources à la portée des femmes, qui incluent même la présence de leurs bébés.»

  • Josée Bélanger, ancienne athlète et propriétaire d’un centre de crossfit 

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