Webinaire La Lancée: le leadership des femmes sous la loupe de nos panélistes

Qu’est-ce qui crée le leadership féminin? Quels gestes le façonnent? Quelles compétences, quels facteurs le renforcent? Animé par l’aventurière Anabelle Guay, le webinaire de La Lancée du 6 décembre 2023 donne la parole à trois panélistes qui incarnent l’esprit du leadership sportif à son meilleur: l’ancienne joueuse de soccer et directrice d’une association régionale de soccer Marinette Pichon, l’entrepreneur et entraîneur Alexandre Kénol et la spécialiste en développement organisationnel Roxanne Larouche. Trois parcours de participant·e·s à leaders, et une conviction commune: il est possible de muscler le leadership féminin en sport, plein air et activité physique. Opinions et réflexions inspirantes. 

webinaire La Lancée

De sportives à leaders

Émancipation, affirmation de soi, détermination, discipline, engagement, capacité de décision, de mobilisation… le sport conduirait-il à façonner des femmes leaders? C’est ce qu’illustrent les parcours de Marinette Pichon et de Roxanne Larouche. «Le sport m’a permis de m’émanciper comme jeune fille» déclare la footballeuse internationale française et ancienne capitaine des Bleues Marinette Pichon. Alors qu’elle débute le soccer à cinq ans avec «que des garçons», souligne-t-elle, la joueuse gagne la confiance de son entourage lui permettant de s’affirmer et de développer au cours de sa carrière, «plusieurs styles de leadership» pour s’adapter et mener son équipe à la victoire.  

De son côté, Roxanne Larouche présente une photo d’elle adolescente et raconte comment elle a surmonté une faible estime personnelle en s’engageant dans la pratique sportive. Aujourd’hui, directrice associée, Service de développement organisationnel, Complexe X, elle cherche à propulser les talents à leurs meilleurs niveaux personnel et professionnel. Grâce au sport - et «au feu sacré» en elle, confie-t-elle - elle explore une nouvelle façon d’être qu’elle transpose dans le monde du travail. «Tout part de soi et des décisions qu’on prend. C’est une question d’attitude, d'influence». L’ancienne intervenante sociale se découvre alors des qualités essentielles pour impulser l’élan et croit que toutes les femmes peuvent aspirer au rôle de leader. 

Marinette Pichon : être «actrice du changement» 

Dès le départ, «j’avais en moi cette qualité importante de leader qu’était l’instinct de combativité. J’avais besoin de briser des barrières, défaire les stéréotypes» se souvient Marinette Pichon. Pour cette pionnière du soccer féminin en France, changer les choses est un verbe actif. «Je sentais toujours que je devais me prouver et prouver qu’une fille avait autant la place qu’un jeune garçon».  

Parfois, elle a dû «enfoncer les portes» pour prendre sa place. «À 18 ans, j’ai vécu un moment tournant, lorsque je suis arrivée sur l’équipe de France. Je n’étais plus seulement participante, mais désormais actrice dans le changement. J’ai voulu laisser une trace». Toujours fonceuse et déterminée, la directrice générale de l’Association de Soccer Mineur de LaSalle qui compte environ 1300 membres, souhaite transmettre aux filles et aux femmes qu’il n’y a pas de sports réservés aux genres, qu’il est important de «rester soi-même» tout en cultivant l’inclusion. «Il faut aller dans une approche participative, être dans l’échange, tisser ce maillage» résume-t-elle. 

«Le sport m’a permis de m’émanciper comme jeune fille.»

  • La joueuse et entraîneure de soccer Marinette Pichon  

Roxanne Larouche : «oser faire différemment»

L’experte en développement organisationnel a la conviction que le changement passe d’abord par soi et ses propres choix. Prendre des décisions réclame souvent de sortir de sa zone de confort et d’explorer d’autres réalités que les siennes. «On ne peut pas grandir dans sa zone de confort» dit-elle. «Je crois que ça prend des environnements et des contextes où les femmes peuvent expérimenter afin de pouvoir développer une meilleure confiance, une meilleure connaissance de soi et compréhension des autres». Concrètement, elle défend l’idée de créer des occasions d’expérimenter et de développer la formation, dès l’école, sur la connaissance de soi, la gestion de soi, l’intelligence relationnelle et émotionnelle. «Si on donnait ces outils le plus tôt possible, les impacts seraient incroyables dans notre société!» 

«Je crois que ça prend des environnements et des contextes où les femmes peuvent expérimenter afin de pouvoir développer une meilleure confiance, une meilleure connaissance de soi et compréhension des autres.»

  • Roxanne Larouche, spécialiste en développement organisationnel  

Alexandre Kénol : «mettre en avant les femmes et leur diversité» 

Alexandre Kénol est entraîneur-chef de soccer D1 féminin et le fondateur de GEAK, l'entreprise derrière l'événement Elle & Sport, une conférence sur la place de la femme dans le monde des affaires et du sport. À ses yeux, la mise en lumière des femmes sur le terrain et dans les médias est cruciale pour donner l’élan, encourager, inspirer d’autres femmes. Il s’agit de rendre visibles les femmes dans le sport, c’est-à-dire toutes les femmes dans leur diversité, notamment culturelle. Son éducation lui a transmis la valeur de l’égalité entre les hommes et les femmes. «J’ai grandi avec la notion qu’il n’y avait pas de différence entre les femmes et les hommes. Que tout le monde était égal. J’ai d’ailleurs une sœur qui a joué au soccer avant moi, et encore aujourd'hui, c’est mon idole!» confie-t-il. 

«J’ai grandi avec la notion qu’il n’y avait pas de différence entre les femmes et les hommes. Que tout le monde était égal.»

  • L’entrepreneur et entraîneur Alexandre Kénol

Le leadership a-t-il un genre ?

Existe-t-il un leadership typiquement «féminin» ? Pour Marinette Pichon, le leadership n’est pas, pour elle, une question de genre, mais de style. «J’ai eu plusieurs styles de leadership au fil de ma carrière» dit-elle évoquant son leadership basé sur la technique, puis sur sa capacité à rassembler les gens, à être dans l’action et la relation. «À force d’être leader technique sur le terrain, et d’être une femme d’action qui agit, j’ai fini par devenir une leader naturelle !»  

Alexandre Kénol renchérit sur l’importance de la compétence au-delà des genres, et met en garde contre une optique trop comparative entre hommes et femmes. Roxanne Larouche invite à élargir notre perception du leadership. Trop étroitement associée au style directif ou affirmatif, la vision du leadership se coupe d’un autre style, plus féminin, tourné vers plus de bienveillance, d’écoute et de collaboration. Faut-il choisir entre l’un et l’autre ? «Le leader n’est pas celui qui fonce dans le tas, travaille comme un malade et qui a la pédale au fond tout le temps! Le leader s’adapte!» dit-elle. Et s’adapter, c’est adopter différents styles – et énergies – de leadership pour mieux influencer.  

Des moyens de propulser le leadership féminin

Interrogés sur les gestes et les façons de favoriser le leadership, les panélistes partagent leurs expériences et leur regard, soulignant l’importance de l’entourage et de l’environnement pour impulser le changement. Voici quelques idées en rafale:  

  • Autoriser les filles à expérimenter et créer les occasions d’explorer de nouvelles réalités (Roxanne Larouche).
  • Développer la connaissance de soi, la conscience de soi et la compréhension de l’autre. Développer des qualités humaines pour adapter son leadership (Roxanne Larouche).
  • Croire en soi et apprendre à «se vendre», à valoriser sa «plus-value», s’outiller pour développer son approche (Marinette Pichon).
  • Développer son potentiel, «dédramatiser» les postes à responsabilités et leur image d’inaccessibilité. Valoriser le plaisir et la réussite collective (Marinette Pichon).
  • Encourager une solidarité, une complémentarité et agir en tant qu’homme comme l’allié des femmes au nom de l’égalité hommes-femmes (Alexandre Kénol).
  • Favoriser la parité dans la visibilité médiatique des modèles sportifs et bannir des expressions sexistes comme «elle est bonne pour une femme» ou «jouer comme un gars». (Alexandre Kénol).  

 

Au Québec, seulement 22% des entraîneurs sont des femmes. Et elles ne représentent que 28% des membres des conseils d'administration d’organismes en sport, plein air et activité physique.1 Les femmes sont de plus en plus nombreuses à œuvrer dans ces trois champs, mais elles sont encore trop peu représentées dans les rôles de gestion et sur les conseils d’administration. 

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