Jenny-Lee Vachon: donner aux jeunes sportives autochtones le droit de rêver

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Jenny-Lee Vachon

Née au sein de la communauté innue de Uashat Mak Mani-Utenam, Jenny-Lee Vachon s’est donnée pour mission d’inspirer les jeunes sportives à persévérer et à repousser leurs limites. 

Portrait d’une ambassadrice déterminée à réduire la discrimination faite aux filles et aux femmes autochtones par le biais de modèles d’athlètes accomplies.

Canaliser son énergie par le sport 

Il y a bien peu de sports que Jenny-Lee Vachon n’a pas essayés pendant son enfance. Tennis, baseball, karaté, natation, ringuette, hockey, soccer, athlétisme… Les parents de cette petite fille très énergique l’ont vivement encouragée à explorer une multitude d’activités. «Au secondaire, je fréquentais l’Institut d’enseignement de Sept-Îles. Ça m’a donné l’opportunité de m’inscrire en sports-études hockey de secondaire un à trois, puis au sports-études volley-ball en secondaires 4 et 5».  

Carburant à la compétition, Jenny-Lee a participé aux Jeux du Québec en hockey et en ringuette ainsi qu’aux Jeux autochtones d’Amérique du Nord en volley-ball de calibre U19. Elle a aussi performé aux Jeux interbandes, des rencontres sportives régionales qui servent d’introduction à une variété de disciplines sportives pour les jeunes autochtones. Cette année, elle a également pris part aux Master Indigenous Games à Ottawa en volleyball au sein d’une équipe formée de femmes innues de la Côte-Nord.  

Coacher pour donner l’exemple 

Encore aujourd’hui, les jeunes n’ont pas accès à beaucoup de modèles d’entraîneures autochtones. C’est entre autres pourquoi Jenny-Lee Vachon a tenu à transmettre sa passion à des filles qui, comme elle, aimaient se retrouver sur un terrain de volley-ball avec des coéquipières. Elle est donc devenue la seule coach féminine autochtone du programme de concentration sportive volleyball de l’école secondaire de sa communauté et a entraîné le volley-ball U16 féminin aux Jeux autochtones d’Amérique du Nord en 2017 et en 2023.  

«Entraîner un sport ne se résume pas uniquement à la performance; il s'agit avant tout de partager avec les jeunes une éthique de jeu et d'inculquer des valeurs telles que la discipline et le respect», croit-elle. À cet égard, Jenny-Lee Vachon a toujours vu son implication en tant qu’entraîneure comme une opportunité de motiver les jeunes filles et de leur dire qu’elles ont le droit d’avoir des ambitions. «Si, finalement, elles n’atteignent pas leur but de jouer à haut niveau, ce n’est pas si important, mais au moins, elles auront vécu une expérience complète et vraiment enrichissante.»  

Mission accomplie, car plusieurs élèves lui ont confié avoir envie d’assumer le rôle d’assistante-coach à ses côtés, ou encore de devenir à leur tour entraîneures dans le futur. «Je souhaite que les filles persévèrent et qu’elles continuent de s’impliquer, même si elles ne se rendent pas à un niveau international.» 

Une invitation bien spéciale pour Jenny-Lee Vachon

En 2022, Aboriginal sport Canada lançait une invitation dans chaque province afin de permettre à une femme autochtone impliquée en sport de participer à la Woman and Sports Mondial Conference. «J’ai été choisie pour représenter le Québec. J’étais tellement contente ! Comme l’événement avait lieu en Nouvelle-Zélande, la culture maorie a été mise de l’avant; c’était vraiment inspirant».  

Lors des ateliers proposés, Jenny-Lee a eu l’occasion d’échanger avec des femmes sur différents enjeux et sur les réalités de chaque province. «Les défis se ressemblent beaucoup d’un endroit à l’autre. Comme femme, nous vivons déjà de la discrimination dans l’univers sportif. Comme femme autochtone, c’est une double discrimination; notre représentation dans les médias est très faible. Heureusement, on sent un vent de changement dans la société, le racisme semble un peu s’estomper.» Lors de ce voyage, Jenny-Lee Vachon a également fait la rencontre de Guylaine Demers, directrice du Lab PROFEMS de l’Université Laval et lauréate d’une reconnaissance olympique sur les questions d’équité. Ce nouveau lien l’a même menée à participer au balado « Jouer comme une fille », qui aborde des thèmes liés à la place des femmes dans le monde du sport. 

Avec une technique en physiothérapie, un certificat en kinésiologie et un baccalauréat en loisirs, culture et tourisme, Jenny-Lee occupe aujourd’hui la fonction de coordonnatrice aux activités culturelles et touristiques au Musée Shaputuan à Uashat mak Mani-Utenam. Même si elle ne coachera probablement pas cette année, le sport prendra assurément une grande place dans son horaire chargé. Elle fait partie d’une équipe féminine de volleyball dans la ligue de Sept-Îles et a même formé une ligue mixte de hockey en collaboration avec une autre femme de la communauté. Leur objectif : encourager les filles à rester actives et engagées dans le sport.  

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